Bukavu, 19 avril 2025 – Le M23 a encore frappé fort. Ce samedi matin, vers 10h, après le salongo, deux Land Cruiser du mouvement rebelle sont apparus sur l’avenue appelée route d’Uvira, précisément à l’endroit connu sous le nom de SIM (carrosserie). À bord, des combattants armés, identifiés comme des Rwandais et des Congolais, ont rapidement attiré l’attention des passants.
Après être descendus des véhicules, leur chef a pris la parole devant un groupe de jeunes intrigués. Dans un ton à la fois ferme et séducteur, il a lancé un message fort :
« Les jeunes doivent maintenant se battre pour leur nation. Nous sommes tous Congolais, il n’y a pas de Rwandais ici. Nous sommes chez nous et personne ne nous fera rien. »
Des applaudissements ont suivi, preuve que certains étaient touchés par son discours. Mais lorsque le chef a posé la question qui dérange :
« Qui veut rejoindre l’armée ? »,
le silence a été total. Pas une main levée. Seul un jeune connu pour se droguer, boire et fumer s’est avancé pour monter dans le Land Cruiser. Pourtant, vers 15h, il était déjà de retour au quartier.
Un malaise dans la jeunesse
Cette scène a fait réfléchir plus d’un. Les jeunes du quartier se posent des questions :
Comment des Rwandais peuvent-ils se proclamer Congolais dans le M23 ? La jeunesse doit-elle suivre ce mouvement ou faire confiance à une armée nationale qui elle aussi semble dépassée ? Y aura-t-il encore une seule armée ?
Bukavu : ni guerre frontale, mais la peur règne
Dans la ville de Bukavu, il n’y a pas eu d’affrontement majeur. Pourtant, le climat reste tendu. La population dénonce des exactions commises par certains éléments des FARDC : pillages, vols, et même des assassinats sont signalés dans plusieurs quartiers. Les citoyens se sentent abandonnés.
Une province livrée à l’incertitude
Entre une rébellion qui tente de séduire, et une armée nationale accusée de débordements, les habitants du Sud-Kivu se demandent si leur province n’est pas déjà vendue ou livrée à elle-même. Le flou politique et sécuritaire alimente les rumeurs, et la jeunesse, elle, attend des réponses claires.
Dans ce chaos organisé, le mot d’ordre du moment semble être : méfiance, résistance, et lucidité.


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