Bukavu :

Voici toute l'actualité de la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, jusqu'à aujourd'hui, le 15 février 2025.

Par Laurent Bin Saïdi

Le vendredi 14 février 2025, la ville de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), est passée sous le contrôle des rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise. Selon des sources locales, ces insurgés sont entrés dans la ville sans rencontrer de résistance notable, sous les yeux des habitants. Avant leur arrivée, les forces armées congolaises avaient déjà quitté leurs positions, suscitant la peur et l'incertitude parmi la population qui observait le départ précipité des forces de l'ordre. Des scènes de pillage ont été rapportées dans certains quartiers de Bukavu, ajoutant au climat de tension et de confusion.

Cette offensive du M23 fait suite à la prise de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, fin janvier 2025. Les rebelles ont ensuite progressé vers le sud, s'emparant de plusieurs localités stratégiques, dont l'aéroport de Kavumu, situé à environ 30 kilomètres de Bukavu. La capture de cet aéroport a été confirmée par les autorités militaires congolaises, qui ont indiqué que les troupes se sont repliées avec leur équipement pour éviter des affrontements dans les zones peuplées.

Face à cette avancée rapide des rebelles, le président congolais Félix Tshisekedi, en déplacement en Allemagne, a décidé d'écourter son voyage pour superviser la situation de près. Il a annulé sa participation au sommet de l'Union africaine prévu ce week-end à Addis-Abeba, en Éthiopie. Lors de son intervention à la Conférence de Munich sur la sécurité, il a mis en garde contre le risque d'une escalade régionale du conflit et a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour empêcher la propagation des hostilités.

La communauté internationale a réagi avec inquiétude à cette situation. L'Union européenne a exprimé sa préoccupation face à la progression du M23 et au soutien présumé du Rwanda à ce groupe armé. Un porte-parole de l'UE a déclaré que Bruxelles examine "en urgence toutes les options à sa disposition" et a averti que "la violation en cours de l'intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse". De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC, exhortant les parties à engager un dialogue pour éviter une escalade régionale.

La situation à Bukavu reste tendue et incertaine. Les forces armées congolaises tentent de réorganiser leur défense, tandis que la population locale, déjà éprouvée par des années de conflit, craint une nouvelle vague de violences et d'instabilité. Les efforts diplomatiques se multiplient pour trouver une solution pacifique à cette crise qui menace de déstabiliser davantage la région des Grands Lacs.