Cette mesure s’accompagne d’une réduction du taux applicable à la facilité de prêt marginal (passant de ~30 % à ~21,5 %) et le maintien des coefficients de réserve obligatoire.
Contexte et raisons
Cette décision intervient alors que l’inflation annuelle poursuit une baisse : selon la BCC, l’inflation ressortait à ~5,93 % en cumul annuel et la monnaie nationale, le Franc congolais (CDF) s’est appréciée.
Le gouverneur de la BCC, André Wameso, a expliqué que l’appréciation du franc congolais n’était pas simplement le fruit de l’utilisation des réserves, mais d’un ensemble de mesures (interventions sur le marché des changes, gestion de la liquidité bancaire).
Avec la politique monétaire plus souple, la BCC souhaite stimuler le crédit des banques commerciales vers les entreprises et les ménages, dans un contexte de regain de confiance dans la monnaie nationale.
Implications
Une baisse du taux directeur rend le refinancement bancaire moins coûteux, ce qui peut encourager les institutions financières à prêter davantage.
À terme, cela pourrait stimuler l’investissement privé et soutenir la croissance économique. En effet, la croissance pour 2025 est projetée à ~6,3% selon la BCC.
Toutefois, une politique monétaire trop laxiste comporte des risques : un accroissement de la masse monétaire pourrait à terme exercer une pression inflationniste ou fragiliser la monnaie si mal maîtrisée.
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Appréciation du franc congolais et dynamique du change
Ce qui se passe
Depuis fin août 2025, le franc congolais s’est apprécié significativement face au dollar : par exemple, le taux indicatif était autour de 2 885 CDF pour 1 USD fin août et est passé à ~2 400 CDF début octobre.
Lors de la réunion du 10 octobre 2025, la BCC a indiqué que le franc s’était apprécié de 13,47 % à l’indicatif depuis fin 2024 et de 9,54 % sur le marché parallèle.
Le gouverneur affirme que cet affermissement est le fruit d’« interventions ciblées » (cession de devises, actualisation du taux de change appliqué aux réserves obligatoires, meilleure gestion de la liquidité bancaire).
Enjeux
Une monnaie nationale plus forte peut réduire le coût des importations et modérer l’inflation domestique.
Mais cela pose aussi des défis : pour les exportateurs congolais, un franc trop fort peut réduire la compétitivité à l’international.
Le gouvernement, par l’entremise du président Félix Tshisekedi, a demandé la mise en place d’un mécanisme de suivi pour s’assurer que l’appréciation du franc touche concrètement le panier de la ménagère.
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Autres développements économiques à surveiller
Le parti d’opposition Courant des Démocrates Rénovateurs (CDER) a appelé la BCC à réduire les coûts des opérations bancaires (frais de virement, tenue de compte, etc.). Une pression pour améliorer l’inclusion financière et réduire les coûts pour les citoyens et les PME.
Sur le plan institutionnel, André Wameso a été nommé gouverneur de la BCC en juillet 2025, prenant la relève de Mme Malangu Kabedi. Ce changement pourrait marquer un renouvellement dans l’orientation de la politique monétaire et de la gouvernance de la banque centrale.
Enfin, la coordination entre la politique monétaire (BCC) et la politique budgétaire (gouvernement) est fortement incitée comme levier important pour renforcer la stabilité macroéconomique.
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Conclusion
La BCC joue un rôle central dans la dynamique économique de la RDC actuellement :
En réduisant son taux directeur de manière marquée, elle veut relancer l’investissement et la croissance.
En favorisant l’appréciation du franc congolais, elle vise à maîtriser l’inflation et consolider la confiance dans la monnaie nationale.
Mais ces décisions comportent des subtilités : il faudra veiller à ce que la croissance suive, que le crédit soit utilisé de façon productive, et que l’appréciation monétaire ne nuise pas à certains secteurs exportateurs.


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